Silent Please
Works without Words, Silent Jewellery.
Commissaire : Ramon Puig Cuyàs
Date : 28 mai – 5 juillet 2015
Montréal, le 19 mai 2015 – Invité par la Galerie Noel Guyomarc’h à être commissaire d’une exposition, Ramon Puig Cuyàs, artiste Catalan de renommée internationale, propose une réflexion sur l’art et notre aptitude à regarder et apprécier dans notre société actuelle qui nous sollicite constamment. L’exposition intitulée Silence Please ! rassemble les œuvres de 17 artistes internationaux dont chacune d’entre elles réclame quiétude et attention pour en apprécier le concept, le travail, la poésie.
Artistes invités : Trinidad Contreras | Eva Girbes | Herman Hermsen | Natsumi Kaihara | Claire Lavendhomme | Dongchun Lee | Sandra Llusà | Judy McCaig | Marilia Maria Mira | Marc Monzo | Elisabet Puig | Tore Svensson | Fatima Tocornal | Julia Turner | Jessica Turrell | Silvia Walz & Ramon Puig Cuyàs
Ramon Puig Cuyàs écrit au sujet de son choix thématique :
Notre siècle est « le Siècle de l’information », celui dans lequel nous sommes bombardés d’innombrables messages et nos nombreux appareils et dispositifs électroniques nous abreuvent en permanence d’informations de toutes sortes. Ce flux est si prodigue et si vif que nous le percevons comme « une cacophonie », une confusion auditive, une nuisance sonore, semblable à la pollution visuelle, aussi bien qu’un mélange d’idées, de concepts, de jugements et de préjudices qui diminuent finalement – jusqu’à entraver – notre capacité à sentir, à regarder et à écouter calmement, ou simplement à penser.
Dans le monde de l’art, quelques artistes parlent sans cesse de leur travail, le justifiant avec des mots, des théories et des concepts qui, de temps en temps, deviennent plus importants que le travail ou l’acte créatif, contaminant ainsi la capacité du spectateur à comprendre et influençant la libre interprétation de l’œuvre.
Il est essentiel de redécouvrir la valeur de silence comme une forme de communication. Écouter le silence signifie écouter l’autre, prendre soi-même sa place afin de comprendre. Le silence ressemble à une lente et profonde respiration, un souffle nécessaire pour créer et ressentir.
Le travail de création artistique exige la volonté d’agir, la capacité de se concentrer, le désir du risque et beaucoup de silence. L’acte de création exige un silence. Il permet d’entendre simplement la voix intérieure et d’entendre « la conversation » qui coule entre nos mains, les matières, les formes et notre pensée. Comme spectateur, regarder l’œuvre en silence permet d’entendre la voix, les murmures de l’artiste qui parlent par ses œuvres, par son langage poétique. Le silence aide à mieux comprendre ce que nous ressentons, pas ce que nous pensons de ce que nous voyons et nous sentons, mais la voix authentique qui parle des profondeurs de notre être, sans intermédiaires ou sans « le bruit » qui limite notre regard et notre interprétation.
Ce silence nous distance du matérialisme et nous rapproche du langage symbolique et poétique de l’œuvre d’art pour mieux comprendre son sens. Par ce silence – un silence expressif – et son univers symbolique, l’artiste peut donner sa vue personnelle du monde environnant. Il peut examiner et explorer la matière de ses mains, la former et traduire en de petits objets sa mémoire et son expérience. Ces bijoux sont portés comme une amplification de notre identité, alors qu’ils représentent en même temps une forme personnelle de communication. Une communication composée de signes, pas de mots.
Il y a un proverbe chinois « Ceux qui savent ne parlent pas, ceux qui parlent ne savent pas. » Les créateurs de cette exposition restent silencieux, mais parlent avec éloquence avec leurs mains. Cette exposition de « bijoux silencieux » est une sélection d’œuvres créées par ces artistes qui ont travaillé entouré par le silence, un silence que l’on peut entendre, un silence expressif, un silence puissant.
Ces bijoux démontrent que silence et expressivité s’harmonisent et ils invitent à voir, sentir et entendre les formes de silence.
L’exposition se poursuit jusqu’au 5 juillet 2015.